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Ecologie

Modifié le 28/08/2023

Rétrofit : à quoi faut-il s’attendre dans les années à venir ?

Dans un contexte général de transition écologique (et en particulier du secteur du transport), le rétrofit a le vent en poupe. À tel point qu’à l’automne 2022, le gouvernement décidait de lancer une grande consultation sur le sujet. Objectif : fixer les ambitions pour 2030.

Qu'est-ce que le rétrofit ?

La définition du rétrofit est assez simple. Derrière ce terme se cache le fait de remplacer le moteur thermique d’un véhicule (à essence ou diesel) par un moteur électrique. Cette opération (ou conversion du véhicule) peut se faire sans l’accord préalable du constructeur. Au cœur de l’actualité ces derniers mois, le rétrofit s’inscrit dans la volonté de la part du gouvernement français de décarboner son économie, et d’accélérer la transition écologique du secteur du transport. En autorisant le remplacement d’un moteur thermique par un moteur électrique ou hydrogène, l’État souhaite en effet encourager les propriétaires d’un véhicule thermique à basculer vers l’électrique, sans nécessairement les contraindre à investir dans un nouveau modèle. L’enjeu est important. En 2035 (date à laquelle la commercialisation des véhicules thermiques neufs sera officiellement interdite en Europe), on estime qu’il restera encore en circulation pas moins de 20 millions de véhicules thermiques sur le territoire français (la moitié du parc automobile). Et il est inutile de rappeler l’impact de la circulation automobile (véhicules à moteur thermique) sur le réchauffement climatique pour comprendre tout l’intérêt du rétrofit.

À l’origine du rétrofit

En plein essor aux quatre coins de la planète, le rétrofit est une pratique qui a vu le jour de l’autre côté de l’Atlantique, sur le sol américain. Aux États-Unis, trois entreprises se sont associées dès la fin des années 1950 pour transformer une voiture thermique (une Renault Dauphine pour l’anecdote) en voiture électrique. Il faudra toutefois attendre de nombreuses années pour que le rétrofit séduise véritablement les conducteurs, et les industriels.

Le rétrofit : la solution pour circuler en zone à faibles émissions ?

Elles se multiplient depuis plusieurs années, d’abord dans les grandes villes puis dans les métropoles et les grandes agglomérations. Les ZFE, pour Zones à Faibles Émissions, imposent de nouvelles règles de circulation pour limiter la pollution automobile. En clair, les véhicules dits « polluants » sont priés de rester à l’extérieur de ces zones « propres ». Le problème, c’est que plus de la moitié du parc automobile français est encore considérée, selon les critères de ces ZFE, comme polluante, et donc interdite de circulation. Dans ce contexte, le rétrofit s’affiche comme une alternative au changement de véhicule pour accéder à ces Zones à Faibles Émissions en toute légalité.

Quel est le cadre légal du rétrofit ?

En France, le rétrofit est légalement autorisé depuis le 3 avril 2020. Deux ans auparavant est créée l’association des Acteurs de l’Industrie du Rétrofit électrique (AIRe) qui surfe sur l’engouement pour la voiture électrique afin de démocratiser le rétrofit. C’est à cette association que l’on doit, en 2020, la signature du décret autorisant le rétrofit en France. Toujours d’un point de vue légal, le rétrofit d’un véhicule doit s’opérer dans le respect de plusieurs conditions, parmi lesquelles :

  • l’obligation de mettre en place un moteur électrique d’une puissance équivalente à celle du moteur thermique d’origine ; 
  • l’obligation de mettre en place une alimentation du moteur soit à partir d’une batterie de traction, soit à partir d’une pile à combustion hydrogène ; 
  • ne pas dépasser une variation de 20 % du poids du véhicule après sa transformation ; 
  • avoir recours à un professionnel français qualifié et reconnu par les fabricants de kits rétrofit pour voiture pour le changement de moteur. 

La réglementation est-elle la même dans tous les pays d'Europe ?

La réponse à cette question est : non. Si la France a souhaité légiférer dès avril 2020 sur le rétrofit, ce n’est pas forcément le cas de tous les pays européens. Et c’est justement là l’un des écueils du rétrofit. Il n’existe, pour l’heure, pas de réelle harmonisation européenne (ni internationale) autour du rétrofit. Dit autrement, chaque pays légifère dans son coin, en instaurant des normes et des règles de sécurité parfois différentes d’un pays à l’autre. Ce manque d’harmonisation sur le rétrofit peut avoir des conséquences parfois ubuesques pour les propriétaires d’un véhicule rétrofité. En Europe, vous pourriez ainsi vous retrouver à circuler en toute légalité dans un pays, puis en toute illégalité quelques kilomètres plus loin une fois la frontière passée. À noter toutefois que les pays frontaliers de la France (Allemagne, Belgique, Italie, Royaume-Uni) autorisent depuis plusieurs années déjà le rétrofit. Dans certains pays (comme la Suisse ou l’Allemagne), il vous faudra toutefois obtenir une autorisation administrative particulière. À noter également que la France est l’un des rares pays à avoir inclus l’hydrogène dans sa législation relative au rétrofit.

Quel modèle de voiture peut être rétrofité ?

La loi autorise le rétrofit pour tout type de véhicules de catégorie L de plus de 3 ans, et de catégories N et M de plus de 5 ans. Techniquement, n’importe quel modèle de voiture thermique qui respecte ces conditions d’éligibilité peut donc être rétrofité. En pratique, le coût de l’opération et les démarches d’homologation du véhicule rétrofité limitent encore, pour l’heure, le nombre de véhicules qui passent entre les mains d’un professionnel pour être rétrofité. Il est bon de le rappeler, la transformation du véhicule thermique en véhicule électrique doit obligatoirement être réalisée par un professionnel qualifié (et certifié auprès de l’UTAC – Organisme Technique Central du contrôle technique des véhicules). Le rétrofit impose un cahier des charges précis et très strict pour répondre aux enjeux de sécurité routière fixés par l’État français. Il s’agit d’appliquer aux véhicules thermiques rétrofités les mêmes exigences que celles appliquées aux véhicules électriques neufs circulant sur le territoire français.

Rétrofiter une voiture : combien ça coûte ?

En 2023, rétrofiter une voiture représente encore un coût significatif pour les propriétaires d’un véhicule thermique, particuliers ou entreprises. Pour une petite citadine, le budget avoisine facilement les 8 000 euros1. Il faut compter un peu plus du double pour un véhicule standard (aux alentours de 20 000 euros), et jusqu’à plus de 40 000 euros pour les véhicules thermiques les plus complexes à rétrofiter. Le prix du rétrofit électrique constitue d’ailleurs l’un des principaux freins à la démocratisation de cette technique dans les parcs automobiles d’entreprises. Des aides financières peuvent néanmoins être accordées aux propriétaires d’un véhicule thermique pour le changement du moteur de leur véhicule. Les économies réalisées sur les dépenses de carburant ne suffiront pas toutefois à compenser les dépenses liées à la conversion du moteur (il faut aussi ajouter les dépenses énergétiques avec la consommation d’électricité dont les prix, là encore, ont tendance à augmenter). La souscription d’une Carte Carburant Pro E.Leclerc s’avère ici plus efficace, à court terme, pour réaliser des économies.
 
Dans le contexte de grande concertation sur le rétrofit voulue par le gouvernement français, le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique Bruno Le Maire, la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, le ministre délégué chargé de l’Industrie Roland Lescure, et le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune ont conjointement annoncé la mise sur la table d’une enveloppe de 20 millions d’euros à destination des professionnels du rétrofit. L’enjeu est simple : financer des solutions industrielles qui permettraient de passer la technologie du rétrofit à l’échelle afin d’en diminuer, drastiquement, le coût unitaire et le rendre accessible financièrement au plus grand nombre.

Existe-t-il des aides au rétrofit ?

Cette fois-ci, la réponse est oui. Comme évoqué précédemment, des aides financières peuvent être accordées aux candidats au rétrofit. Comme de nombreuses aides financières attribuées par l’État français pour accompagner la transition écologique du secteur du transport, les aides au rétrofit électrique sont soumises à conditions, et plafonnées. Pour une voiture classique (les aides concernent aussi les camionnettes, les deux, trois roues ou les quadricycles à moteur), il faut :

  • être majeur ; 
  • être domicilié en France ; 
  • avoir eu recours à un installateur rétrofit habilité pour la transformation du moteur thermique en moteur électrique à batterie ou à pile à combustible ; 
  • être propriétaire du véhicule depuis plus d’un an ; 
  • respecter l’interdiction de vente du véhicule dans l’année suivant son achat et avant d’avoir parcouru, à minima, 6 000 kilomètres. 

Ces conditions réunies, le montant de l’aide au rétrofit varie ensuite selon les revenus du foyer. Le revenu fiscal de référence (RFR) est ainsi pris en compte, avec une distinction entre les foyers dont le revenu fiscal de référence est inférieur à 13 489 euros par part et les foyers dont le revenu fiscal de référence est supérieur à 13 489 euros par part. Dans le premier cas, le propriétaire du véhicule peut percevoir une aide allant jusqu’à 80 % du prix d’achat du véhicule, dans la limite de 5 000 euros, à condition :

  • d’avoir un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 6 300 euros ; 
  • d’effectuer plus de 12 000 kilomètres par an dans le cadre de son trajet domicile-travail ; 
  • d’être domicilié à plus de 30 kilomètres de son lieu de travail. 

À noter qu’une seule condition suffit ici pour pouvoir percevoir l’aide rétrofit indiquée. Pour les foyers dont le revenu fiscal de référence excède 13 489 euros par part, l’aide au rétrofit pour le changement du moteur thermique par un moteur électrique est fixée à 2 500 euros.
 
Source1: Autoplus 

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